Ça faisait longtemps.

Je suis supposée dormir. Je suis écrasée de fatigue, d’avoir marché pendant des heures pour protester contre la loi pour la réforme du code du travail, je crois que je tombe un peu malade….

Mais je crois que j’ai besoin d’écrire, écrire sur ce moment, sur cet instant d’espoir que j’ai, que je n’ose même effleurer, assumer, ressentir pleinement.  Ce sentiment, qui revient, ressurgit, plus fort, plus grand, plus puissant, à chaque manifestation à laquelle je participe.
L’espoir. 
Ça y est, j’ai honte. J’ai envie de le ravaler, de le cacher, de le protéger, de l’écraser presque, avant que « la politique » ne s’en charge pour moi. Et j’ai envie de vous parler de ce sentiment, et à quel point l’espoir est un bel outil politique (même si à double tranchant). Depuis quelques années, depuis le CICE, depuis la nomination de celui qui voulait « plus de Blancos » sur les marchés d’Argenteuil, depuis les renoncements sur le contrôle au faciès, depuis Macron au ministère du budget, depuis les standing ovations aux universités d’été du MEDEF, depuis l’état d’urgence et la déchéance de nationalité…. le seul sentiment que je ressentais à l’égard d’un gouvernement nommé par un chef d’état arrivé au pouvoir grâce à mon vote (pas seulement mais aussi) était la colère. 

Ne nous méprenons pas. La colère est un outil formidable. La colère peut être salutaire et la réaction saine face à ce qu’on considère comme une injustice.
Mais la colère, ça ronge, ça bouffe, ça épuise et amenuise jusqu’à tes dernières forces. Ça peut te paralyser.

C’est la colère qui m’a poussé à lutter contre une loi qui est RÉTROGRADE par rapport à des acquis sociaux obtenus au bout de longues luttes. (Même si le code du travail inchangé n’est pas le meilleur.). Mais ce qui me pousse dans les assemblées générales des facs, à marcher des kilomètres dans le froid avec un genou en vrac, à crier alors que j’ai la voix cassée, ce qui me pousse et me stimule, c’est l’espoir.

L’espoir que ma voix compte. L’espoir que peut être, peut être, je n’aie pas à subir un discours vendant la flexi-précarité sans rien dire, qu’on me vende comme de la chair à vite-licencier et à flexibiliser jusqu’à casser, parce que les protections et les acquis sociaux c’est « rétrograde » selon certains.

C’est la colère qui m’a poussé hors des bureaux de vote, désenchantée, et c’est l’espoir, l’espoir politique qui me fait dévorer les pages écrites sur les réformes alternatives qui pourraient être proposées  (ou même quand je me laisse à rêver, des changements de société).
C’est l’espoir qui me saisit, qui m’étreint quand   » convergence des luttes » devient une potentielle réalité et pas seulement une chimère lointaine.

L’espoir a un goût délicieux quand je lis « 220.000 à 500.000 personnes dans les rues ».
Je m’avance sur rien, et l’espoir qui n’est pas suivi de construction, maintenu, a de fortes chances d’être suivi par la déception et la désillusion. C’est pour ça que je veux retourner dans les AG, participer aux manifs du 17 et du 31 mars et relayer le plus possibles d’informations.

Ce soir, je viens de me rappeler ce que ça fait d’espérer. Ça faisait longtemps.

4 réponses à « Ça faisait longtemps. »

  1. Un post qui vient du coeur ! Et oui, même si nous sommes étudiants ou lycéens et que cette loi du travail nr nous concerne pas dans l’immédiateté, elle lefera un jour : dans 6 mois, 1 an, 2 ans, ans 3 ans… Notre parole est légitime, tout autant que celle du salarié.

    Ps : petite rectification, les « blancos » c’était à Evry et non Argenteuil il me semble…

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    1. Ah, merci pour la modification !

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  2. Bel article encore. Vous venez de gagner le droit d’être sur le page des sites favoris du blog cpolitic 😉

    Effectivement pour le « Blancos » c’est bien Evry car c’était sur le marché de la ville du premier sinistre, l’infâme Valls.

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