Une énième polémique sur Beyoncé et Nicki Minaj, qui seraient les apôtres du patriarcat en véhiculant les symboles de la féminité, qui seraient totalement à l’encontre de tout combat féministe etc.
Une énième critique venant d’une femme blanche, dont le corps correspond en tous points à l’idéal de beauté occidental, qui elle peut se permettre d’avoir une prise sur sa sexualité, sur la manière dont elle a d’affirmer son corps, sans que d’aucune manière que ce soit, on vienne lui rappeler que ce n’est pas féministe, que » nos mères ne sont pas battues pour que tu te balades en string »
Je voulais pas faire un billet, je le jure. Je ne voulais pas que mon agacement passager se transforme en colère dévorante parce que vous voyez, on est en juillet, il fait bien trop chaud pour avoir la rage et puis c’est pas bon pour ma jauge de bonheur.
Et pourtant, nous y voilà. Je suis fâchée. Fâchée de voir que des féministes s’arrogent encore d’avoir le droit de décredibiliser tout un discours parce que machin porte un corset et que l’autre porte un string. On dirait des mecs, sans déconner. Qui disent qu’ils ne peuvent pas se concentrer sur ce que j’ai à dire parce que ma robe est trop courte, et que mon décolleté est trop profond.
Vous fatiguez.
On peut parler du fait que Beyoncé et Nicki Minaj véhiculent leur corps d’une manière hyper sexualisante et qu’en ce sens, elles alimentent un discours patriarcal. Une question : qui a décidé de les réduire à leurs fesses et à leurs vêtements ? Parce qu’elles disent des choses dans leurs oeuvres, dans leurs concerts, elles citent des féministes.
Et quand bien même, elles ne le font pas…
Je rappelle aussi que dire qu’elles rentrent dans des codes de beautés patriarcaux me fait doucement rire quand je vois qu’il n’y a pas si longtemps, on se moquait des femmes noires et de celles qui avaient des grosses bouches et des grosses fesses.
J’ai peine à recevoir des leçons sur la manière dont une femme noire veut exprimer sa féminité, si Beyoncé soit elle, surtout de la part d’une femme blanche qui incarne le modèle de féminité qu’on nous vend. Ya qu’à googler Beauté et on verra si les filles qui apparaissent ressemblent plus à Lou Machin qu’à Nicki Minaj.
Intéressant d’ailleurs que ces critiques ne s’adressent pas à Katy Perry, ni Madonna etc.
D’ailleurs si on parle de subversion… à quel moment la nudité et la sexualité n’est plus subversive ? Pourquoi quand certaines actrices ou des chanteuses se sexualisent, c’est subversif, c’est edgy mais que quand Beyoncé porte un corset ça ne l’est plus ?
Je trouve ça intéressant de voir que certaines femmes sont constamment interrogées sur leur féminisme, sur leur façon de véhiculer les choses. Pour ma part, voir une femme Noire (certes mince, certes avec des cheveux blonds) icône du féminisme, qui assume sa sexualité, qui est en charge des DIFFÉRENTS messages qu’elle veut afficher, c’est nouveau. C’est surprenant.
Il va falloir cesser de museler la manière et de vouloir contrôler la manière dont les femmes choisissent de s’émanciper.
Si vous voulez donner des récompenses sur ce qui est » la bonne féministe », vouloir faire des concours de « Miss Féministe » avec des jurés qui donneraient des notes, et somme toute, mettre en compétition les féministes et les femmes, allez y. Voyons alors qui relaie les codes et mecanismes du patriarcat.
Arrêtez de croire que vous avez le monopole du féminisme, les clés du féminisme, que vous « êtes » les filles naturelles des féministes. C’est ça le problème majeur : vous n’avez pas à discréditer un féminisme. Au nom de quoi ? Ce n’est pas parce que ta mère s’est battue pour ne pas porter des strings et que tu as Simone de Beauvoir sur ta table de chevet que tu es la patronne de ce qui est féministe ou pas.
Et pour moi, une femme ronde, Noire et grosse, le physique nu, le twerk de Beyoncé est bien plus subversif que le corps blanc, mince et frèle d’une Lou Doillon, faut m’excuser. Qualifier l’expression de corps Noirs, de corps de femmes Noires, et l’affirmation de leur sexualité de vulgaire ??
Vu, vu, et revu.. Demandons à Joséphine Baker.
EDIT :
Pour aller plus loin, je vous propose de lire le billet de Paige Palmer : Le féministe blanc :le mépris de Lou Doillon
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